 Avec la participation de
Monique Jutrin, Présidente de la Société d’études Benjamin Fondane
Margaret Teboul, Historienne des idées
Dominique Guedj, Vice-présidente de la Société d’études Benjamin Fondane
Till R. Kuhnle, Professeur à l’Université de Munster
Anne Mounic, Universitaire et responsable de l'association des amis de l'oeuvre de Claude Vigée
Evelyne Namenwirth, Professeur à la Vrije Universiteit Brussel
Lecture de textes inédits par Daniel Mesguich, acteur et metteur en scène
« Benjamin Fondane, un destin singulier »
Intervention de Monique Jutrin
Poète et penseur, essayiste, dramaturge et cinéaste, Benjamin Vecsler est né à Jassy, dans une famille d’intellectuels juifs éminents. Écrivain précoce, il collabore à la presse littéraire, roumaine et juive, sous le nom de B. Fundoianu. Fin 1923, il quitte la Roumanie pour s’établir à Paris, où il devient Benjamin Fondane. Tout en étant un auteur résolument moderne, il se tient à distance des mouvements littéraires de l’époque. Toutefois il dialogue avec les écrivains marquants de son temps: Artaud, Bachelard, Camus, Cioran, Lévy-Bruhl, Maritain, Wahl… Déterminante est sa rencontre du philosophe Léon Chestov, dont la pensée infléchit sa vie et son oeuvre. À son contact, Fondane élabore sa philosophie existentielle, fondée sur une critique de l’héritage grec, confronté à celui de la Bible, où il cherche une alternative à la pensée rationnelle de l’Occident. Comme Celan, comme Kafka, Fondane est l’un de ces Juifs du XXème siècle, aux prises avec la tradition, en quête d’une issue pour l'individu. Doué d’une surprenante lucidité face à la montée des périls, il dresse un constat de faillite de l’humanisme européen. Arrêté par la police française le 7mars 1944, Fondane est incarcéré à Drancy et déporté à Auschwitz, où il est assassiné dans la chambre à gaz début octobre 1944.
Intervention de Evelyne Namenwirth « La voix du poète » Dans son oeuvre poétique, réunie sous le titre Le Mal des fantômes, domine la figure d’Ulysse, incarnant le destin de l'homme, du poète et du Juif. Durant les années de guerre, à la lueur des évènements, le périple d'Ulysse prend toute sa dimension tragique. Dans son dernier poème, L’Exode, retrouvant une voix prophétique, le poète réunit dans un même souffle la sortie d’Egypte et l'exil à Babylone. Sa Préface en prose reste un des poèmes les plus poignants pour témoigner de la Shoah.
Table ronde animée par Margaret Teboul
« Philosophie de l’existence et judaïsme » Nourrie de la lecture philosophique de Nietzsche et de Kierkegaard, la philosophie existentielle que Fondane élabore se réclame d’un judaïsme d’avant le bien et le mal. Lutte pour la vie, pour un élargissement des possibles, elle est aussi quête d’un Dieu vivant. Fondane s’inspire de Chestov, philosophe juif, témoin de « l’absence de Dieu » dans le monde moderne.
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